La norme NF S 90-351-2013

La conception des salles d’opération évolue constamment afin de satisfaire aux exigences du domaine, en s’appuyant sur l’expérience et les connaissances pour répondre au besoin.

La maîtrise de la contamination, sujet d’actualité, dans les établissements de santé, est régie par la norme française de référence, la NF S 90-351 (avril 2013) intitulée Établissements de santé – Zones à environnement maîtrisé -Exigences relatives à la maîtrise de la contamination aéroportée.

Cette norme précise les exigences de sécurité sanitaire pour la conception, la construction, L’exploitation, la maintenance et l’utilisation des installations de traitement et de maîtrise de la qualité de l’air dans les établissements de santé.

Analyse de risques et recueil du besoin

La demande de nouvelles salles d’opération démarrera par une analyse de risques et un recueil des besoins.

L’analyse abordera les risques liés aux terrains et pathologies des patients, ainsi qu’aux conditions environnementales (installations techniques et facteur humain du personnel).

En ce qui concerne le recueil des besoins, la norme insiste sur l’approche multidisciplinaire afin de s’assurer d’une approche la plus objective et la plus complète pour répondre favorablement à leur bonne utilisation, quelle que soit l’implication du personnel concerné (équipe médicale, service d’hygiène, services techniques, maître d’ouvrage, maître d’œuvre…).

L’identification des besoins est complétée par un tableau qui apparaît dans la norme pour aborder un certain nombre d’éléments importants comme :

  • Le contexte d’un nouveau plateau technique ;
  • Les performances visées ;
  • La nature des contaminants potentiels ;
  • Les caractéristiques techniques du local ;
  • La nature des flux ;
  • La description des contraintes environnementales…

Un point fondamental est de bien délimiter le périmètre du bloc opératoire avec deux axes.

En premier lieu, identifier les zones de filtration, points de passage entre une zone non contrôlée et le bloc opératoire :

  • Sas personnel ;
  • Sas patients debout, sas transfert patients couchés ;
  • Sas de décartonnage ;

Sas d’évacuation déchets…

Ensuite, distribuer les performances aérauliques et les gradients de pression associés au sein des locaux en application du principe de marche en avant :

Classe de risque et gradient de pression descendant depuis la salle d’opération, du point le plus critique vers le moins critique.

Niveau de risque

En fonction des opérations à réaliser sur le patient, un niveau de risque est identifié et correspond alors à un niveau technique adapté pour atteindre les objectifs de performance attendus. La norme propose des exemples d’activité avec les classes de risques préconisées.

Performance

La zone à risque identifiée va permettre de déterminer le système aéraulique adapté pour obtenir les performances souhaitées.

La norme définit les performances de la salle d’opération et les objectifs attendus au repos comme la classe particulaire, la classe microbiologique mais aussi la capacité de la salle à épurer une contamination (la cinétique de décontamination particulaire)

Mode veille

Depuis la dernière version 2013 de la norme, dans un souci d’efficacité énergétique, un mode veille a été intégré en acceptant un mode dégradé tout en respectant une classe particulaire et une cascade de pression.

La veille est définie comme l’état « en présence des équipements mais hors présence humaine et période où le système peut fonctionner en mode dégradé avec un régime de ventilation réduit en l’absence d’activité.

Ce mode sera manuel ou idéalement programmé et/ou automatisé avec des moyens simples et visuels pour comprendre le mode dégradé.

Des lumières spécifiques inadaptées à l’activité et différentes de la période normale sont communément utilisées.

Le principal indicateur de la performance d’une salle est la concentration en particules dans l’air, quantifié suivant la norme en particules suivant leur taille et par mètre cube d’air.

Les classes parties ciliaires sont régies par la norme internationale ISO 14644 qui fait référence aux salles propres et environnements maîtrisés apparentés, et plus spécifiquement la partie 1 relative aux classifications.

Cette même norme décline différentes thématiques appropriées aux salles propres. La partie 4 notamment est relative à la conception des salles.

Modélisation

Cette conception est également étudiée grâce aux règles de l’art du métier et permet de modéliser la salle en fonction des besoins identifiés :

Éléments constitutifs, traitement de l’air, équipements médicaux, fonctionnalités, jusqu’à l’esthétique avec l’intégration de panneaux personnalisables (couleurs, paysages… au choix des utilisateurs…).

Comme évoqué, une équipe multidisciplinaire est constituée afin d’appréhender au mieux la conception proposée et de définir les éléments et acter la formalisation afin que l’installation soit construite conformément au cahier des charges. Ce dernier reprendra notamment les caractéristiques des parois et du complexe «sol/plafond/cloisons » :

  • Étanchéité :
  • Robustesse :
  • Nettoyabilité ,
  • Absence de recoins :
  • Recherche d’affleurement des incorporations

L’accompagnement du client est aidé par l’illustration d’images 3D pour visualiser au mieux le résultat final.

Lorsque la projection est acceptée de tous, la réalisation est mise en œuvre pour donner vie au projet.

La conception doit intégrer le fait qu’une salle d’opération est en place pour de nombreuses années et l’ensemble des étapes de vie doivent être prises en compte pour conserver les performances attendues 🙁 nettoyage, maintenance, relevé d’informations et supervision).

Gestion intelligente/ centralisée

Au-delà de ces solutions techniques, il est important de créer une interface avec les utilisateurs au quotidien.

Des solutions existent afin d’apporter les informations nécessaires tout en garantissant les fonctionnalités fondamentales au déroulement du programme opératoire.

  • Réglages et affichage des para- mètres de fonctionnement {pression, température, humidité, etc.) :
  • Affichage des éventuelles alarmes ou dysfonctionnements {niveau de criticité orange rouge) :
  • Affichage des procédures spécifiques par alarmes :
  • Interphonie
  • Scénario d’induction par préréglage utilisateur :
  • Checklist technique d’ouverture de salle :
  • Appels d’urgence et appels préprogrammés vers les services nécessaires {anesthésiste, nettoyage…)
  • Également la fonction musicale (webradio ou Bluetooth) pour accueillir le patient et travailler en Musique si besoin ;
  • Enregistrement en continu des data et possibilité de retranscription par patient.

La conception des salles d’opération évolue afin de répondre aux exigences du domaine.

La « boîte » telle qu’elle existe depuis très longtemps (la première salle d’opération remonte à la fin du XIX’ siècle avec Pasteur) s’est constamment modifiée avec l’expérience et la connaissance pour répondre au besoin premier, la maîtrise de la contamination ; elle s’inscrit aussi désormais dans l’amélioration de l’expérience patient et utilisateur au bloc.

Les textes, règles de l’art et évolutions techniques permettent de définir des process qui donneront naissance à des salles toujours plus performantes, toujours plus fonctionnelles.

L’innovation est au cœur des préoccupations des acteurs concernés afin de mettre à disposition du personnel médical les outils techniques les plus adaptés pour répondre, dans les meilleures Conditions, aux besoins de la prise en charge patient.

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